MAROC 2010
Présentations et objectifs
Monique. Antéa rouge et jaune. Ici pour continuer sur la lancée de tous les vols de la saison. Ma nouvelle voile m’a donné des ailes. Objectif: distance, précision d’atterrissage, bien décoller, bien atterrir… rien de très original. Et puis les autres: les rencontres, se fabriquer des souvenirs, profiter des richesses que toutes ces expériences communes nous apportent.
Freddy. Mentor rouge. Envie de voler, voler et voler. Objectifs: se régaler sur les sites marocains et selon les conditions, faire de la distance en groupe.
Valérie. Aspen bleue. Premier voyage parapente au Maroc. Ici pour découvrir le potentiel du pays pour peut-être organiser à mon tour des séjours. Et bien sûr pour en profiter un max! et bien manger… (c’est mieux que des vacances.)
Gégé. Mac Para Eden 3 jaune. L’aile commence à s’user mais bientôt une véga 3 me donnera des sensations nouvelles. Au Maroc pour se retrouver en groupe avec des personnes agréables, profiter des paysages, rencontrer les marocains, me régaler des tajines et éventuellement, voler un peu.
Marie: Ozone élément. Blanche jaune et orange. Voler, voler et encore voler. Repose au déco, perfectionnement décollage et atterrisage. Travail de la voile au sol. Commencer à crosser. Exercices en vol suivant les directives du moniteur.
Daniel…? A oublié de se présenter
Olivier. Volontairement en retrait
Note de la sténo-dactylo qui est passablement bavarde à l’écrit: les passages en gris ont été ajoutés postérieurement au voyage, et la dernière page (en bleu) est le petit mot de Marie.
Carnet de route: c’est parti
Jeudi 14.10.2010
(Monique)
On a eu un œil goguenard quand on a vu tous les bateaux qui faisaient la queue dans la rade de Marseille. Peu importe les pénuries d’essence pour ceux qui partent. Le trajet en voiture avait été l’occasion de faire le point avec Gégé sur les dernières affaires et les récents voyages. Derniers textos pour prévenir du départ en attendant la navette de l’aéroport .
Rouge à lèvre fuschia de l’hôtesse de l’air qui commence par nous demander de façon très polissée si on souhaite du l’eau ou du jus d’orange et qui, en réponse à la question de Gégé, nous lâche brutalement « on n’a pas de vin, on n’a pas de bière, on n’a RIEN! ». Arrivée sur le tarmack. Il fait plutôt chaud pour tous les pulls qu’on a sur le dos. La voile de Freddy tarde à arriver, puis la réponse évasive à la question du douanier qui nous demande si on a des radios. Non bien sûr, mais en même temps, elles sont à passer aux rayons x et se voient comme les yeux au milieu de la figure, à l’écran, dans le fond de nos sacs.
De l’autre côté, Valérie et Olivier sont tous deux vêtus de vert. Essence, puis la route vers Agergour. 10 mn top chrono pour vider les voiles de ce qui ne saurait voler et qui a été entassé dans le parapente, histoire d’utiliser jusqu’à la lie les 23 kgde baguage autorisés en soute: duvet, livres, trousses de toilette…
Première impression: le déco beaucoup plus fréquenté qu’au printemps: une miss France, une équipe de télé, une vingtaine de pilotes, une dizaine de véhicules garés et une belle avancée vers la modernisation: une plage bétonnée au niveau du déco. Je me souviens que la dernière fois que j’ai volé ici, je me suis cassé le poignet. Le genre de pensée pas très favorable à la sérénité du premier déco. Pourtant, depuis, j’ai fait du chemin. Un an et demie au cours desquels il y a eu beaucoup de vols, l’obtention à l’arrachée du brevet confirmé, le déménagement sur Claret, la dune du Pyla, la résolution de quelques questions existentielles. Donc finalement, beau déco. Fortunes diverses comme d’habitude. 3 vols pour Freddy, une heure et demie pour Gégé, une cible difficile à faire pour moi, vu que je me pose en même temps que Miss France. Bon, je n’ai pas la cible, mais la consolation d’être filmée: Stabilo contre stabilo, Miss France et moi, ça vaut son pesant de cacahouètes! Premier dîner partagé avec les suisses… toutes les assiettes de grenades que je finis. Nuit douce et légèrement fraîche.
(Monique)
A l’apéro, Valérie et Olivier ne sont pas pointés les mains vides. Le vin, les sempiternelles bières, l’assiette de charcuterie espagnole dont une partie a été heureusement épargnée par le chat flash, et puis le cahier (monté à l’envers et que nous remplirons donc de la dernière à la première page) pour faire carnet de bord. Il y a aussi la carte (à trop grande échelle: il nous faudrait vraiment faire des cross énormes pour que les distances soient lisibles) et les crayons pour que chacun s’octroie une couleur et fasse sa trace.. Belles perspectives que voilà. Avons l’impression d’être aux petits oignons…
Vendredi 15 octobre 2010
(Freddy)
Après une bonne nuit de sommeil, petit dèj marocain typique de chez Naïma… au soleil…
Ca le fait donc direction le déco vers 10h30. Le vol fut tranquille, quelques thermiques naissants dans le grand bocal d’Aguergour. Retour au déco puis direction la montagne magique pour Freddy et posé à l’attéro chez Ahmed.
Puis l’équipe suiveuse a pris la route pour suivre au sol notre « championne ». Monique a décidé de poursuivre son vol vers Lallatakerkoust, donc le team suiveur composé d’Olivier et Freddy a pris en chasse l’antéa rouge et jaune.. Récup de Gégé au passage et posé final de Monique sur la piste. Récup facile… excuses-nous Monique de t’avoir fait marcher au moins 20 mètres…
Retour au gite, déjeuner vers 15h. La restit d’Aguergour se profile à l’horizon! On monte tous, et sommes en l’air vers 17h. La restit est bien là. C’est donc parti pour un peu bonheur. Direction les antennes pour tout le monde. Aller retour facile et ensuite, très belle séance de touch’n’go et basses vitesses… Le posé final se fait derrière le gîte de Naïma à la nuit. Très belle journée. Apéro, couscous énorme, belle fin de soirée. Tout le monde ok. Vivement demain!
(Monique)
Retrouvé, un peu par hasard Patrick et son camping car. De quoi rendre le groupe un peu plus touffu en attendant l’arrivée programmée de Marie et la rencontre avec Cyril.
Samedi 16 octobre 2010
(Gégé)
Je sors du taxi et je retrouve Monique à Amizmiz. Nous buvons un coup pour fêter ce super vol. Monique a battu tous ses records: 3h de vol et près de 40 km. Quelle belle journée! Nous avons décollé à M’zouda. Le premier thermique était difficile à trouver. Nous nous sommes retrouvés à trois au plafond. Monique Freddy et moi. C’était génial de partir en cross à plusieurs. Monique a choisi d’aller vers la plaine, c’était la bonne option. Avec Freddy, nous avons cherché le thermique dans les reliefs. Ce fut fatal pour Freddy qui pose. Je continue et après plusieurs points bas, je pose dans le premier oued.
A peine rentrés à Aguergour, on décolle pour une super restit de ouf.
Encore une bonne journée au Maroc.
(Monique)
Moi je faisais semblant de rien, dans la voiture, quand les moniteurs expliquaient les histoires de laisses de chien, de venturis, de nœuds à passer et autres subtilités… Freddy avait conclu la conversation par le théorème du parapentiste: « le chemin le plus court d’un point à un autre n’est pas la ligne droite ». Même si ça bousculait un peu ma compréhension de la géométrie, ça n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Ce vol de M’Zouda était sensé être le premier plouf du matin. Mais on s’est battu pour le faire durer un peu. Un coup au relief, un coup devant, un coup à gauche pour essayer de rejoindre Freddy qui avait l’air de bien s’en sortir, un coup à droite, et ainsi de suite: Une bagarre de chaque instant.
Puis nous avons sans doute eu la chance de passer au bon endroit au bon moment. Nous étions encore trois. Des points hauts, et beaucoup de points bas. J’étais dans l’option vol de plaine, alors que Freddy et Gégé étaient beaucoup plus proches du relief. Il s’est avéré que Gégé avait annoncé à la radio une stratégie de ratissage qui n’était pas arrivée jusque dans mon oreillette. Du coup, je faisais au feeling, peut-être un peu perso. Ils étaient parfois au-dessus de moi, parfois en dessous. On dira que j’avais pris le bon côté du râteau.
Après je me souviens de la patience d’enrouler du pas grand-chose pas très loin du sol, tout en cherchant en permanence d’éventuelles vaches. Je me souviens d’avoir sans cesse regardé en l’air pour interroger les nuages, et d’avoir cherché à rester en l’air coûte que coûte, dans l’inquiétude de ne pas savoir décrire, pour la récup, le coin où je me serais posé si je n’avais pas réussi: ça motive… J’étais à donf, dans ma sellette inconfortablement réglée par Christophe à l’occasion de mon récent stage siv, à manipuler l’accélérateur à chaque plafond pour filer vers le nuage suivant, sans eau, et en ayant sauté le goûter de 10h et le repas de midi. C’est peut-être surtout en cela que c’était un exploit pour moi!
Dans cette quête d’ascendances, au passage d’une transition, j’ai foncé droit sur un oiseau qui enroulait le thermique. Il s’est avéré que c’était un sac plastique. Au retour, cela m’a valu quelques quolibets (« ah oui, tu as volé avec un sac plastique? Même plus besoin de voile? »).
Quand nous ne nous sommes plus retrouvés qu’à deux, et que c’est moi qui étais devant, ça commençait à sentir l’exploit, moi qui ai passé des années à essayer vainement de suivre Gégé quand il partait. Une fois lui posé, alors là, les ailes m’ont poussé. Ce n’est pas que je sois en compétition mais quand même, ça motive bien. Aussi parce que je sais, pour l’avoir vécu du fond d’un véhicule, le plaisir que procure à toute une équipe, le fait de récupérer l’un des siens si loin du point de départ et les yeux tout brillants du bonheur d’avoir dépassé ses limites et battu ses propres records.
En racontant le lendemain que j’avais passé plus de temps à regarder en l’air qu’à profiter du paysage qui défilait sous moi, Olivier répondra que les autres, ils ne sont pas à fond d’accélérateur, et qu’ils prennent le temps de regarder par la fenêtre… C’est ce sur quoi il me faudra méditer la prochaine fois. Et c’est pour moi, l’un des enseignements majeurs de cette semaine, porté à la fois par Olivier, Valérie et Cyril: prendre le plaisir, savourer les instants qui nous sont donnés entre ciel et terre, même pendant un bi-place pour un professionnel quand il en fait 10 par jour, même pour un plouf du matin… Un décollage, un atterrissage, et une occasion unique de vivre un instant suspendu.
Peut-être ai-je manqué de pugnacité pour poursuivre l’aventure … Mais une fois au dessus d’Amizmiz, la route me semblait peu évidente. En direction du barrage le long de la route empruntée le matin en poursuivant le vol de plaine? ou le long du relief qui menait vers Aguergour jusqu’en terre connue?… J’avais rempli ma mission, j’avais faim et j’avais envie de faire pipi. J’ai fini par décider d’assurer le posé dans l’Oued d’Amizmiz, pour être sûre de savoir donner les infos facilitant la récup, et aussi parce qu’au bord de l’Oued, un feu m’indiquait la direction du vent au sol. J’ai découvert, en la survolant, un peu au dernier moment (ce qui m’a confirmé dans l’idée que la fatigue était bien là) une ligne électrique qui m’a fait aller un chouïa plus loin. Les enfants et quelques adultes m’ont regardé plier, sans m’importuner. C’est l’avantage de se poser sur des terrains inhabituels.
Jolie marche à travers Amizmiz. Puis la terrasse ombragée où Gégé m’a rejoint au sortir de son taxi, pour m’offrir un coca, moi qui n’en bois jamais, mais dont je garderais longtemps le souvenir.
Dimanche 17 octobre
(Valérie)
8h30, Les filles sont debout depuis une heure, les garçons dorment encore Hier Marie est arrivée. Bonne nuit et au réveil, un soleil magnifique qui nous promet une journée superbe! A suivre…
A suivre… on a beau croire.. Marie est à l’hosto. On a tous les boules. La belle journée n’aura pas porté ses fruits. Même le vent n’était pas au rendez-vous: du Nord-est toute la journée, et Marie à l’hôpital. Heureusement qu’il y a du vin au dîner. (ps: j’écris dans le noir, c’est pour ça que l’écriture est bizarre).
On a quand même volé: 4 vols pour les plus enragés. Vent très travers au déco, quelques thermiques penchés et beaucoup de vent dans le nez pour rejoindre l’attéro. Olivier a passé toute la journée à Marrackech avec Marie, Cyril nous a fait les navettes. Midi, déjeuner chez le Mokadem où on a mangé des omelettes berbères (sans oignons!).
Hammam pour les filles le soir, en compagnie de NaÎma et Fatima.
(Monique)
Autour de Marie couchée à terre, après son seul et unique vol du séjour, rencontre de Cyril. On aurait préféré que ça se fasse dans d’autres circonstances. Il nous accompagnera tout au long du reste du voyage.
Dimanche soir, Naïma et Fatima se préparaient pour un mariage au village. Le hammam a été un moment grandiose de partage: massages, échanges de savons et d’huiles, nettoyage des peaux mortes, eaux chaudes et eaux froides, conversation autour des différentes traces qu’ont laissés nos histoires de vies sur nos peaux… Les garçons n’ont pas saisi cette occasion offerte….tant pis pour eux! Ils ne savent pas ce qu’ils ratent.
On a dîné un peu tard parce qu’on attendait Olivier. Il nous envoyait des messages suspects: des demandes de code pin du portable qu’il était entrain d’utiliser et cherchait à nous joindre pour donner des nouvelles. Nous étions dans l’attente de savoir si Marie se ferait rapatrier ou soigner sur place. Olivier a tout géré, les assurances, la récup de la voiture de Marie à Marseille, les médecins, l’accompagnement de Marie qui se serait sans doute sentie bien seule sans lui. Il nous a raconté leur journée en rentrant. C’était rassurant de constater son implication auprès d’elle. Et quand il racontait la clinique de Marakech, on a repensé à celle de Vlora, en Albanie, devant laquelle on était passés en se disant qu’il serait opportun de ne pas se faire mal pendant notre séjour.
Naïma et Fatima nous ont invités à venir à la noce. Daniel avait l’air partant. Ses velléités ont été freinées par les histoires de noces marocaines vécues par Cyril et Olivier, qui avaient fini en baston générale, à la suite d’erreurs protocolaires.
Dans une des navettes de la journée, il y a eu quelques échanges un peu verts entre Patrick et moi, pour repartir sur de nouvelles bases dans notre relation. Après cela, ce fut un plaisir de partager avec lui les petits déjeuners et dîners de chez Aznag, lui qui vient souvent là et qui connaît tous les potins du coin.
Lundi 18 octobre
(Daniel)
Les filles nous réveillent (encore) et par la porte entrouverte, on découvre un ciel couvert, pas de soleil… On devait découvrir un nouveau site, on oublie et on évoque timidement une journée de tourisme, et merde… Le temps du traditionnel petit déj, et un petit vent dans le bon sens s’installe d’un coup, six parapentistes comme un seul s’élancent: premier petit vol du matin, deuxième petit vol du matin, troisième vol (antennes pour Gégé) sauf Monique et Freddy prêts à décoller mais qui succombent à l’appel du tajine.
Note de la sténo-dactyo:
Nous étions tous les deux en première ligne du déco, et venions de faire le pré-gonflage. L’appel à la radio annonçant que le tajine était prêt a été plus fort: on a brutalement, et simultanément pris nos voiles en champignon, à la grande stupéfaction des autres pilotes qui attendaient derrière nous qu’on décolle. On aurait dit que Freddy et moi n’avions pas mangé depuis 3 jours. Les autres pilotes se sont demandé où était le dust qu’ils n’avaient pas vu.
Je reprends le récit de Daniel:
Pour ma part, je laisse tomber les antennes pour le tajine, bien m’en a pris. A peine dégusté, tout le monde repart (à noter que le déco est à 12.5 ml du resto. Beaux vols pour tout le monde et le maillot jaune conservé par Monique, eh oui, elle réalise le plus long vol du jour. 4 Vols c’est peu dans une journée, donc remontée au déco par Cyril pour un traditionnel vol de restit.. Et de cinq… petite journée.
(Valérie)
On a définitivement perdu Marie, qui va se faire rapatrier: fracture de la tête du radius. Olivier a passé sa deuxième journée à l’hôpital aujourd’hui… C’est bien d’avoir Cyril avec nous!
(Monique)
En plus des touch and go (pour ma part, parfois réduits au touch sans go ou au go sans touch) on essayé le coup des tabourets. Enfin pas tous… Daniel et Freddy (sauf erreur de ma part) ne s’y sont pas risqués. Ils ont peut-être bien fait, c’est pas pour la réussite que Gégé et moi-même avons eue…Pour prendre la photo du pilote tenant sa voile sur la tête et debout sur le tabouret, il eu fallu être vif… d’ailleurs, vous constaterez qu’il n’y aucune photo de cet épisode.
Mardi 19
(Monique)
Dernier réveil chez Aznag. La porte entrouverte sur le patio fleuri. Un ciel couvert. Le café / poivre / gingembre / cannelle… (tout un programme). Puis les bagages. On avait commencé à bien prendre nos marques mais l’aventure nous appelle plus loin. Chargement. Daniel à la ramasse qui n’a pas compris qu’on partait pour de vrai. La pluie qui commence nous permet de laver les vitres du 4×4. Derniers adieux à Fatima, Naïma et Patrick. Petite pause chez Ahmed pour chercher un pull que je crois avoir perdu, alors qu’il s’avèrera plus tard qu’il est au fond de la voiture. Quelques photos et Freddy qui s’aventure sur une échelle inquiétante. Passage chez Cyril qui nous fait part de ses projets. Puis la route. Les ânes, les charrettes, les traversées de villages. Le repas sur la place d’Aït-Ourir et le tour dans le souk. Valérie a toutes les peines du monde à trouver quelqu’un qui veuille bien comprendre que ce dont elle a besoin: juste d’un sac pour mettre les cacahouètes qu’elle veut acheter.
Pèlerinage à travers le village de Tilidi où j’aurais toujours été des jours où ça ne vole pas. La traversée est délicate. Surtout sans doute parce que l’habitant qui nous déconseille d’y aller préfèrerait porter nos sacs plutôt que de nous voir emprunter les pistes défoncées qui serpentent entre les maisons. Les enfants nous accompagnent. Ils sont souriants.
A chacun d’entre nous de chercher tel ou tel champs qui pourrait servir de décollage. Mais les plateaux, les cassures, les lignes électriques et surtout la pluie fine qui reprend par intermittence ont raison de nos velléités. Le guide qui nous a escorté pendant toute la traversée négocie des chaussures avec Cyril. Et nous voilà repartis en direction de Marrakech.
Arrivée chez Roseline et Emy, qui est belle comme le jour. Pensées pour Michel. Une branche d’Olivier nous empêche d’aller jusqu’au bout du chemin. Distribution des chambres et la bière au bord de la piscine. Guitare, conversations édifiantes (faute d’avoir volé, les enseignements se déplacent sur d’autres surjets non moins utiles) qui se poursuivront jusqu’autour de la table du dîner, nous permettant d’apprécier les qualités de mime de Valérie. Faut dire qu’elle a la patate parce qu’elle vient de prendre une vraie douche balnéo. Elle nous explique les jets en remarquant que ça change du gîte dAznag. Freddy ajoute que là-bas, les jets y étaient aussi, mais qu’ils étaient simplement un peu désorganisés. On fini la soirée sur la terrasse. Echanges à propos des expériences de bi-placeurs. Tout le monde couché à 10h. On devient sages. Belle nuit.
Mercredi 20
(Freddy)
Réveil à Emy les unes nuits vers 8h00. Ciel couvert, quelques trouées de ciel bleu nous laissent entrevoir une probable belle journée. Petit déj copieux et nous voilà en route vers le site d’Aït-Barka ou « les antennes ».
En cours de route, on s’arrête pour attendre deux passagers bi marocains qui ne viendront que tardivement. On décide de prendre la route vers le déco à 2200 mètres d’altitude.
Petite laine en haut car il ne fait pas chaud à cette altitude! Et voilà la transhumance des tortues sur pattes multicolores qui se met en route à flanc de montagne pour aller au col, lieu du décollage. Petite brise, les nuages sont bien joufflus derrière nous alors que devant, c’est le grand ciel bleu. Tout le monde se met en l’air pour un grand plouf contemplatif sur ce site magique. Tous posés sur le plateau en dessous, les enfants du village nous rejoignent dare-dare, comme d’habitude sortis de nulle part.. Olivier et Cyril en bi se posent juste après nous, leurs passagers tout contents aussi.
On remonte à l’auberge où on décide de faire la pause casse croûte. Salade, omelette, frites… La passagère bi-place, toute barbouillée, ne touche pas à son assiette.
Direction le déco en milieu d’après-midi. Les conditions n’ont pas beaucoup évolué, le vent s’est légèrement renforcé, décollable. On se met en l’air, Cyril prend une mauvaise option et file droit vers l’attéro. Freddy prend la même option mais traîne un peu, le vol se résume à 25 minutes de finale le long du plateau pour finir au fond du deuxième plateau sous le village. Monique, Gégé, Valérie et Daniel se payent une jolie petit soaring sous les antennes. Daniel pose à l’attéro. Les trois autres filent droit sur le plateau avec du gaz et finissent derrière le village du bas sur la grande route Marrackech-Ourzazate. On a mis une heure à les retrouver.
Belle journée de vol sur un site haut en couleurs et en altitude. Petit cross, que du bonheur.
Retour au gîte, apéro (Olivier et Cyril on bravé les risques de la route pour aller nous chercher des bières à Métro), couscous, la belle vie quoi!
Jeudi 21 octobre
(Gégé)
Que la montagne est belle!
Ce vol au dessus de la crête d’Aït-Ourir est magique. Nous en profitons jusqu’aux dernières lueurs du jour. Les bergers sur la crête nous saluent. Le soleil nous envoie un dernier rayon et nous posons près de la route, rapidement rejoins par les enfants sortis de nulle part.
Le matin, vol à Tidili. Quel plaisir de monter au dessus de la crête, parsemée de petits lacs bleus. Freddy fait un beau cross en rejoignant le site d’Aït Barka.
Ces beaux vols clôturent une semaine magnifique avec une pensée pour Marie que nous reverrons bientôt.
(Monique)
J’ai des choses à ajouter à ce que Gégé a écrit dans l’avion.
1) Freddy et lui sont les seuls à avoir vu les petits lacs bleus.
2) On a constaté que les virages de montagnes étaient périlleux. Sur le chemin de la descente de Tidili, accrochage avec un fonctionnaire de l’administration stressé. Faut dire que la voirie est étroite, et que le coup de volant salvateur qu’aurait pu donner notre fonctionnaire lui a fait peur, au vu du ravin dont il aurait du se rapprocher pour nous éviter. Heureusement, Cyril sait y faire question négociation. Après une petite vingtaine de minutes, le problème est résolu, et le vol à Aït-Ourir n’est pas compromis, contrairement à ce que nous avons pu craindre un instant.
3) Pour monter à Aït-Ourir, sans passer par le village, les tortues se sont transformées en dahuts (et oui! On trouve aussi des dahuts au Maroc!)
4) Il nous fallait bien 3 moniteurs: l’un pour assurer la récup de Freddy, le deuxième pour tâter la masse d’air à gauche (merci Cyril de nous avoir permis d’éviter le plouf) et le troisième pour tâter la masse d’air à droite. Une fois les infos enregistrées, c’est facile pour les élèves de faire des vols d’exception!
5) Après avoir atterri, Daniel a failli se faire manger par les enfants. Fourmis ou piranas? Ils étaient une multitude. A lui grimper sur le dos, à toucher son matériel, à le solliciter. Olivier et Cyril espéraient qu’ils en laisseraient quelques morceaux. Un peu plus tard, valérie a lancé quelques appels désespérés à la radio dans l’attente qu’on vienne la libérer à son tour de la horde qui l’avait attaquée. Pour ma part, j’ai mal compris la consigne, et pensant bien faire, j’ai essayé de me rapprocher d’elle pour la défendre (mon grand cœur me perdra!). Mais Olivier m’a catégoriquement enjoint de me tenir éloignée du péril. J’ai quand même eu ma part de bagarre. Seuls Freddy et Gégé, posés en catimini après la nuit tombée sont passés à travers…
6) discussion autour de la piscine, dans le noir (Roseline et Emy avaient été retardées) à propos du fonctionnement du club à la Séranne: les pilotes expérimentés qui délaissent le vol du soir (pourtant fort agréable) n’accompagnant plus les moins expérimentés. La dynamique de l’école qui vient à manquer… à méditer, pour modifier peut-être un peu nos pratiques.
7) Dernière conversation autour de la table du dîner, à propos du deuxième décollage du matin à Tidili, pile poil dans le thermique, avec une sortie de déco un peu difficile (moitié reculant pour moi et avec une clef pour Daniel). Intéressant de constater les différences de point de vue d’un moniteur à l’autre. Pour arriver à la conclusion que tout n’est pas complètement carré dans le vol libre. Une grosse part de sensation, de chance, et des réponses à l’intuition. Ca me renvoie également à cet écart d’analyse entre Freddy et moi quant à la façon de lancer un tangage. C’était bien d’avoir partagé avec lui le stage SIV, pour se remémorer les façons de faire apprises pendant ces trois jours. Mais une fois qu’on était à raconter notre expérience aux autres, on n’était plus d’accord. Olivier nous a gentiment départagés en concluant que puisque nous n’avions tord ni l’un ni l’autre, la consigne n’avait sans doute pas du être la même pour Freddy que pour moi, d’où la discordance de nos discours…
Quelles perspectives maintenant?
On a parlé de l’Ethiopie, de la Croatie, de la Salvetat sur Agout (cherchez l’intrus).
Mardi 26 octobre
(Marie en convalescence)
La semaine de travail à peine achevée, je préparais mes affaires pour rejoindre mes amis parapentistes au Maroc pour une semaine de soleil, d’amitié, de vols aux confins de l’Atlas, de tajines et senteurs marocaines…bref, quelques jours de dépaysement qui m’étaient bien nécessaires. Hélas, il en a été autrement.
A peine arrivée, je n’ai pu profiter que du lever du soleil, des crêpes marocaines de Naïma, et d’un vol balistique du matin. Ce vol, relativement court, fut tout de même un énorme plaisir car il est lié au souvenir de mon premier grand vol effectué sur ce site d’Aguergour où j’appris à voler deux ans auparavant avec Olivier. La masse d’air était calme et quelques bulles permettaient de se maintenir au dessus du village. J’essayais de rejoindre Monique qui enroulait à quelques encablures mais les bulles étant trop petites, je décidais raisonnablement, d’aller poser.
L’accident survint à l’atterrissage. Debout dans ma sellette, je m’apprêtais à poser quand un déclanchement thermique se produisit devant moi, déstabilisant ma voile et me projetant au sol. Déséquilibrée, j’essayais tant bien que mal d’assurer ma réception sur le plancher des vaches à une vitesse peu recommandée.. Le premier appui sur la jambe gauche amortit légèrement le choc, puis la pose de la main gauche ne résista pas à la résultante des forces vitesse-masse. Résultat: luxation du coude avec fracture et retournement de la tête radiale, énormes hématomes sur tout le flanc gauche et douleurs dans le dos.
Mon voyage fut donc surtout la découverte de la clinique de Marrakech. Sachez que l’on y mange presque mieux que dans les hôpitaux français, mais à part ça, c’est à peu près tout. Les critères de soins marocains sont bien différents de ceux qu’on connaît chez nous. Impossible d’avoir une toilette, votre lit se transforme en collection souvenir de votre séjour: sang séché, relief de repas, morceaux de plâtre, de compresses… Le manque d’hygiène vous fait renoncer à toute opération sur place, même si les spécialistes chirurgiens, anesthésistes, radiologues semblent compétents.
Conclusion: Ce qui doit arriver, arrive, ou l’accident qui arrive devait arriver, ou encore, la philosophie du hasard comme réflexion post-accident.
Cependant, amis parapentistes, n’oubliez pas de vous assurer, car c’est dans ces circonstances auxquelles on ne pense pas que votre cotisation prend tout son effet.
Axa assistance a été des plus diligente la prise en charge intégrale et efficace.
Merci au chirurgien montpelliérain qui a fait un beau travail et un qui m’a fait un bras tout neuf.
Merci au médecin marocain d’axa prévenant et attentionné qui m’a rapatriée jusqu’en France.
Merci à Olivier qui a été tout simplement parfait par sa présence, sa gentillesse et son professionnalisme face à la situation.
Et maintenant, peut-être le plus dur: la convalescence. Cahin-caha, en serrant les dents, j’attends patiemment de me mouvoir avec aisance sur terre comme dans l’air.